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La Méditerranée, point chaud du réchauffement climatique

augmentation température bassin méditerranéen - Image par pixelRaw

Planète

La Méditerranée, point chaud du réchauffement climatique

Par la rédaction

Le 25/07/2020 et modifié le 21/10/2021

Le réchauffement climatique n'épargnera aucune région du globe. Néanmoins, selon une étude menée par une équipe du MIT, le bassin méditerranéen souffrira davantage que le reste du monde.

Des dégradations climatiques plus importantes attendues en Méditerranée

Les chercheurs s’attellent depuis des années à anticiper les dégradations climatiques de plusieurs régions du globe avec des modèles informatiques basés sur des mesures réelles. 

Leurs conclusions se rejoignent toujours sur un même point : un réchauffement global de la température et une augmentation des précipitations affecteront la planète dans les prochaines décennies. 

Le bassin méditerranéen sera particulièrement touché par ces dérèglements, selon une récente étude de l'Institute of Technology du Massachusetts.

 Les chercheurs du MIT prédisent néanmoins un scénario différent pour cette région. Certes, le bassin méditerranéen subira la même hausse de 2 à 3 ° de la température globale d'ici 2040.

La baisse de précipitations attendue dans cette zone peut toutefois surprendre. Les modèles climatiques de la région prévoient une chute allant de 10 à 60 % des précipitations dans les prochaines décennies. 

Et ce phénomène particulier commence à se faire sentir dès maintenant. Du Maroc à la Tunisie, en passant par la Libye, on rapporte une diminution inquiétante des pluies, menaçant d'assécher certaines oasis, comme celle de Skoura au Maroc.

 

Les courants d'air et l'écart de température sol-mer en cause

Les auteurs de l'étude expliquent le cas particulier de la Méditerranée par la géographie atypique de la région, responsable de deux phénomènes particulièrement déterminants dans le dérèglement climatique local. 

La circulation du courant-jet (vent d’altitude) en est un. Ce courant de l'ouest se déplace depuis l'Amérique du Nord jusqu'en Asie, en passant par l'Europe et l'Asie Mineure. Sa force s'amplifie au fur et à mesure que le climat change. 

Lorsque le courant-jet fait face aux obstacles naturels du bassin méditerranéen, dont ses hautes montagnes, l'air donne naissance à une vague de haute pression dans la haute atmosphère de cette région. Ces conditions sont propices à un temps plus sec et plus chaud.

 Les conditions créées par le courant-jet sont davantage amplifiées par l'écart de température entre la terre et la mer. Les modèles climatiques font apparaître une augmentation du thermomètre de 3 à 4°C sur les terres durant les prochaines décénies, contre 2°C au niveau de la mer

Cette différence de température influence directement la circulation de l'air en haute atmosphère, accentuant ainsi la formation d'une zone de haute pression (pas de pluie) dans tout le bassin méditerranéen. 

Ces phénomènes affecteront en particulier la région de l'Atlas au Maroc et dans une partie de l'Algérie, de même que les plateaux de l'Anatolie, au sud de la Turquie.

 

 Un plaidoyer pour des modélisations plus ciblées des changements climatiques

L'équipe du MIT souligne les convergences des conclusions de son étude avec d'autres recherches réalisées auparavant. Elle reconnaît néanmoins que beaucoup de travail reste à faire en matière de prévisions climatiques, notamment pour mieux comprendre les variations des précipitations et de pression en fonction des méthodes de modélisation. 

Les chercheurs du MIT notent également l'impact de la topographie complexe de la région dans leurs résultats. 

Ils plaident ainsi en faveur d'une prise en compte systématique des critères géographiques dans les simulations, pour obtenir des projections plus réalistes et plus fiables. 

Ces améliorations sont vitales, dans la mesure où les gouvernements s'appuieront sur les prévisions fournies par les scientifiques dans l'élaboration de leurs plans de lutte contre le réchauffement climatique

Cela inclut notamment la politique de gestion de l'eau, les innovations énergétiques et les protocoles d'urgence climatique.

 

La pollution et le réchauffement climatique menacent gravement les populations de Méditerranée

Prises en étau par le réchauffement climatique et la pollution, les populations des côtes méditerranéennes risquent gros, selon un rapport dévoilé en novembre 2020 par Plan Bleu. L’organisme alerte sur l’urgence de corriger la trajectoire actuelle et d’adopter des mesures radicales concernant les modèles de consommation et de production des habitants des rives de la Méditerranée. 

 

Un réchauffement plus rapide et beaucoup plus alarmant

Plus de 520 millions de personnes vivent dans le bassin Méditerranéen, depuis le Levant, en Espagne, en passant par l’Afrique du Nord. Au-delà du décor de rêve fait de plages paradisiaques, de soleil propice au farniente et d’une cuisine raffinée, cette partie du globe souffre de plusieurs maux aux conséquences potentiellement mortelles. Le réchauffement climatique arrive en tête de ces problèmes.

Le dernier Rapport sur l’état de l’environnement et du développement en Méditerranée ou RED 2020, présenté en novembre abonde dans ce sens. Selon les auteurs de ce document, la situation climatique dans le bassin méditerranéen atteint un stade critique. A la faveur des conditions géologiques et météorologiques très particulières de cette région, le thermomètre grimpe plus vite que la moyenne

Le RED 2020 parle d’un réchauffement 20 % plus rapide qu’ailleurs, une dégradation qui n’est pas sans conséquence sur les populations locales.

 

Une pollution extrême provoquée par les États riverains

Outre le facteur climatique, le rapport s’alarme aussi des niveaux de pollution observés sur les côtes de la mare nostrum. Chaque année, les pays de son pourtour y déversent 229 000 tonnes de déchets plastiques. À cause de ces rejets, les concentrations de micro-plastiques dépassent allègrement les 100 000 débris par km² dans plusieurs zones. Dans certaines parties de la mer Méditerranée, plus de 64 millions de particules au km² ont été relevés.

Ces taux ne prennent pas en compte les pesticides, les hydrocarbures, les déchets marins, les métaux lourds et autres engrais azotés résultant de pratiques déraisonnés des pays riverains. Les côtes égyptiennes sont particulièrement souillées, avec une teneur en particules fines de plus de 100 microgrammes par m3. Pour rappel, l’OMS fixe à 10 µg/m3 la teneur maximale en particules d’une eau jugée « propre ».  

 

Des décès attribués au facteur environnemental

En plus de la pollution de la mer, la pollution de l’air du pourtour méditerranéen atteint également des sommets. Sur les 520 millions d’habitants des rives de la grande Mer, 70 % vivent dans des villes et des centres urbains où la qualité de l’air laisse souvent à désirer. La combinaison de la pollution marine et aérienne aboutit à un cocktail fatal, responsable selon le RED 2020 de 15 % des décès recensés dans cette région. Cette surmortalité attribuée à des causes environnementales est pourtant évitable, souligne le rapport.

Ces facteurs environnementaux affectent également le biotope marin de la Méditerranée. Avec la diminution annoncée des précipitations et l’accroissement du risque de sécheresse, les experts s’attendent à une prolifération d’espèces invasives dans la région. En plus de menacer la biodiversité, cette dégradation menace également la pêche, l’un des principaux moyens de subsistance des habitants de cette zone.

 

Un risque de montée rapide des eaux

Avec la dégradation du climat et le réchauffement climatique, le niveau de la mer Méditerranée va augmenter en flèche jusqu’à la fin du siècle. Les projections du Plan Bleu tablent sur une hausse de 2,6 à 2,9 mm par an, soit jusqu’à 0,43 à 2,5 m d’ici 2100. Cette montée des eaux représente un risque énorme pour 20 millions de riverains, lesquels habitent dans des zones à moins de 5 mètres au-dessus du niveau de la mer.

 

Des rectifications urgentes demandées aux pays riverains

RED 2020 ne se contente pas d’aligner les chiffres alarmants sur l’environnement et sur la dégradation de l’air et du climat autour du Méditerranée. Plan Bleu voit surtout dans ce rapport un moyen d’attirer l’attention des décideurs politiques et des acteurs économiques sur la gravité de la situation. 

Les auteurs du document appellent ainsi les autorités et toutes les parties concernées à changer leurs comportements, afin de réduire la pression sur l’écologie méditerranéenne. Cela implique entre autres de renforcer les réglementations environnementales et de réviser de fond en comble les modèles de consommation et de production.

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