Achats en ligne et achats classiques au cœur d’une étude sur l’empreinte carbone
En Europe, en Asie ou sur le continent américain, le commerce en ligne est en forte expansion. L’explosion de ce nouveau mode de consommation est l’occasion pour des chercheurs d’en étudier l’empreinte carbone.
Des scientifiques de l’université néerlandaise de Radboud ont observé pendant 18 mois les achats réalisés par des foyers au Royaume-Uni. L’un des objectifs est d’avoir une évaluation des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour chaque article acheté en fonction du canal d’achat choisi.
Pour mieux évaluer les données, 3 pratiques d’achat sont confrontées :
Achats classiques, c'est-à-dire quand le consommateur se déplace auprès d’un magasin physique
Achats en ligne effectués auprès d’un magasin de type bricks & clicks,
C’est-à-dire quand le consommateur commande en ligne depuis chez lui auprès d’un commerce physique qui livre directement les articles à domicile
Achats en ligne auprès d’un e-commerçant pure player,
C’est-à-dire lorsque le consommateur commande en ligne depuis chez lui auprès d’une place de marché ou d’un site marchand purement électronique. Ces vendeurs n’ont pas de magasin physique et les articles commandés sont livrés à domicile.
L’étude consiste alors à évaluer les émissions de GES générées pour les achats fréquents de ces foyers à travers ces 3 canaux lorsqu’ils s’approvisionnent en produits du quotidien destinés à l’alimentation, à la toilette ou au nettoyage.
Cet impact sur l’environnement par article est plus élevé, car le consommateur se déplace dans le magasin physique en voiture pour n’acheter qu’un seul produit.
Les chercheurs estiment donc qu’un déplacement en vélo ou à pied des consommateurs vers les magasins physiques devraient réduire de 40 % ces émissions de carbone lorsque l’achat est de type classique.
Dans le cas des achats sur des sites pure player, les scientifiques montrent que les rejets de CO2 pourraient chuter de 26 % si des voitures ou des vélos électriques sont utilisés pour les livraisons.
La livraison, une facette du e-commerce tirant le bilan CO2 vers le haut
Dans l’un de ses dossiers, l’Agence de la Transition énergétique indique que le e-commerce fait partie des usages du numérique dont l’impact est non négligeable sur l’environnement. Même si les achats réalisés en ligne restreignent les déplacements des consommateurs, la variation de l’empreinte carbone est surtout liée au mode de livraison choisi.
Des livraisons effectuées en mode express pour ramener aux domiciles des consommateurs des petites quantités de marchandises dans un temps record ne font que multiplier les circuits à parcourir. La consommation de carburant fossile augmente et devient proportionnelle aux trajets. Les rejets de GES sont en conséquence plus nombreux, plombant l’impact carbone du e-commerce.
Cette option réduit ainsi les trajets parcourus par les livreurs, assurant alors une diminution des rejets de carbone. Aujourd’hui pourtant, le retrait des articles en points relais n’est pas la pratique préférée des acheteurs en ligne, le n°1 mondial du secteur avouant que plus de 3.5 milliards d’articles ont été livrés à domicile en 2019.
Le e-commerce, vecteur de surconsommation
L’expansion des technologies du numérique, et notamment du e-commerce, augmente la tendance à la consommation chez les acheteurs. Accéder à des offres rapidement, facilement et directement de chez soi pousse les consommateurs à commander fréquemment.
La simplicité du commerce en ligne est même susceptible de mener à la surconsommation, quand les consommateurs achètent une quantité de produits allant au-delà de ce dont ils ont besoin.
Les promotions récurrentes et toutes les offres à prix cassés en ligne ne sont également pas étrangères à cette frénésie d’achat chez les consommateurs. La surconsommation mène pourtant au gaspillage des ressources et donc à des rejets de carbone inutiles.
La fréquence des achats en ligne est aussi un facteur important, influant sur les émissions de CO2. En faisant des commandes chaque jour, les livraisons des articles achetés vont être quotidiennes. Lorsque l’objectif est de limiter les émissions de carbone, le mieux est ainsi de grouper les achats en rassemblant les commandes pour que le nombre de livraisons soit réduit.
Les infrastructures également responsables des émissions carbone du e-commerce
Au fur et à mesure que le e-commerce se développe en raison de la multiplication des utilisateurs, les infrastructures se multiplient et les émissions de GES également. Derrière la belle interface virtuelle que le consommateur utilise pour ses commandes, un dispositif logistique exceptionnel s’exécute pour honorer cette demande en temps et en heure.
L’une des forces du e-commerce repose en effet sur la flotte impressionnante de véhicules de livraison, mais surtout sur ses entrepôts géants dans lesquels sont conservés les articles mis en vente.
Les grandes enseignes du e-commerce sont ainsi de plus en plus nombreuses à multiplier la construction de gigantesques entrepôts au plus près de là où résident les consommateurs. Ces constructions tout en béton accaparent des surfaces naturelles et leur édification n’est pas sans conséquence pour l’environnement, comme alerte d’ailleurs l’organisation France Nature Environnement.
Ces infrastructures indispensables aux activités de l’e-commerce, ces livraisons suite aux achats en ligne ou encore la fréquence des commandes font partie des principaux facteurs à la source des émissions de GES liés au e-commerce.
Même si les avantages de ce nouveau mode de consommation sont nombreux, limiter les rejets de carbone est faisable si les consommateurs font leurs achats en ligne avec raison en optant pour des retraits en points relais ou en groupant les produits dans une seule commande.
Laisser un commentaire
Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *