Trois quarts des forêts tropicales exposés
En 2015, l’Accord de Paris enjoignait les pays signataires à collaborer étroitement pour contenir à +2°C la hausse des températures moyennes de la planète d’ici la fin du siècle. Cet objectif, nécessite d’énormes investissements sur tous les plans et contraint à d’innombrables réformes des politiques climatiques, de la production industrielle, du transport, de la logistique et même de la finance. Un groupe de chercheurs internationaux, menés par Martin Sullivan, de l’Université métropolitaine de Manchester et de l’Université de Leeds, souligne cependant que cet objectif demeure insuffisant.
Même si la hausse des températures est limitée à 2°C en 2100, environ trois quarts des forêts tropicales du globe seront exposés à des niveaux de chaleur supérieurs à 32 °C.
Or, selon leurs conclusions, les capacités d’absorption et de traitement du CO2 de ces espaces verts et denses s’effritent au-delà de cette température.
De réservoir de CO2 en cheminée à CO2
Pour parvenir à ces projections, Martin Sullivan et ses partenaires, constitués de 225 chercheurs issus des quatre coins du globe, ont mesuré le taux de dioxyde de carbone contenu dans les arbres des forêts tropicales. Leurs prélèvements, effectués dans 813 forêts tropicales de 24 pays, ont été réalisés sur plus d’un demi-million d’arbres de 10 000 espèces différentes.
Les données ont ensuite été compilées et synthétisées. Ainsi, les forêts tropicales assument très bien leur rôle de capteur de gaz à effet de serre jusqu’à une température de 32°C en journée. En dessous de ce seuil, les taux de CO2 dans les forêts restent élevés et stables.
Par contre, au-delà de ce niveau, les mesures font apparaître une chute brutale de la teneur en gaz carbonique.
Une situation d’urgence pour la planète
Un chercheur du CIRAD apporte plus de précisions : l’augmentation d’un degré seulement du mercure entraînerait la libération de 51 milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère par les forêts tropicales. Sachant que ces écosystèmes stockent actuellement l’équivalent d’un quart de siècle des émissions de carbone de l’Homme, une augmentation trop rapide de la chaleur risque de provoquer le relâchement d’une grande partie de ce stock. Cette éventualité est d’autant plus probable si le taux de mortalité des arbres ne s’améliore pas ou si leur croissance ralentit.
L’étude évoque alors l’apparition probable d’un cercle vicieux et des réactions en chaîne, dans lesquels les forêts tropicales abandonneront leur rôle de puits de CO2 pour celui d’émettrice de gaz carbonique.
Ce glissement accélèrera forcément le changement climatique, une dégradation déjà préoccupante pour la planète et ses habitants.
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