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Pesticides et maladies congénitales

pesticide maladie congénitale - Image José Manuel de Laá

Santé - Bien-Être

Pesticides et maladies congénitales

Par la rédaction

Le 07/05/2021 et modifié le 24/01/2022

Pesticides et maladies congénitales

Les chercheurs s’intéressent depuis des années aux facteurs susceptibles d’augmenter le risque d’anomalies fonctionnelles ou structurelles qui affectent le fœtus. De fortes suspicions entourent notamment les pesticides. La littérature scientifique récente tend à confirmer l’impact de l’exposition à ces substances sur la survenue de maladies congénitales.

 

Révélation autour des effets tératogènes des pesticides

Les scientifiques se penchent depuis des décennies sur l’étude de la toxicité des pesticides, en particulier sur leurs effets tératogènes. En France, l’INSERM a analysé des dizaines de travaux de recherche réalisés par des scientifiques des quatre coins du monde et a compilé les résultats dans un rapport intitulé « Pesticides : effets sur la santé »

La conclusion de l’organisme public tend de plus en plus vers l’affirmation de l’existence d’un lien entre les malformations congénitales et une longue exposition aux pesticides.

L’INSERM reconnaît certes les limites méthodologiques de certaines études, pointant notamment les lacunes dans l’analyse et la mesure de l’exposition aux pesticides. Certains chercheurs ont mené leurs investigations sur la base de questionnaires ou de déclarations de personnes résidant ou travaillant dans une zone à forte exposition aux pesticides

Or, pour ce genre d’études, une évaluation de l’exposition à travers des biomarqueurs est nécessaire pour confirmer ou non la corrélation entre les pesticides et l’incidence des maladies congénitales

Ces mesures épidémiologiques, combinées à des essais randomisés et des études de cohortes permettent d’affiner les résultats et d’identifier les substances liées aux troubles congénitaux et d’éliminer les facteurs de confusion.

Ces manquements n’enlèvent rien à la pertinence des conclusions des différentes études reprises par l’INSERM. 

D’autres analyses, réalisées par des équipes internationales, abondent d’ailleurs dans le même sens et pointent du doigt le rôle très probable des pesticides dans certaines malformations génitales. 

Des chercheurs iraniens ont par exemple décortiqué 18 études jugées fiables, dont 5 études de cohortes, 8 études cas témoins, une étude écologique et 3 études transversales. Toutes ces recherches concluent à une association de certaines maladies congénitales, comme les malformations du tube neural, l’hypospadias et la cryptorchidie à une exposition longue aux pesticides.

 

Des facteurs de risque environnemental et résidentiel

Une autre revue publiée en 2018 s’est intéressée à une trentaine d’études effectuées entre 1990 et 2017. 

Les données compilées font apparaître un lien entre les anomalies congénitales et l’exposition prénatale aux pesticides. 

Ces travaux notent en particulier un risque élevé de malformations musculosquelettiques lorsque la mère ou les parents résident près de sites d’utilisations de pesticides. Ce risque est tout aussi élevé lorsque l’enfant est conçu durant le printemps… soit l’une des saisons où la concentration en pesticides dans l’air et le sol est la plus élevée.

L’exposition résidentielle à certaines familles de pesticides, comme l’avermectine, les néonicotinoïdes et les composés organophosphorés, augmente également le risque de malformations cardiovasculaires, toujours selon la synthèse des études révisées par les chercheurs iraniens. 

Enfin, les expositions professionnelles, qui touchent en particulier les familles d’agriculteurs, accentuent les risques de troubles du tube neural, provoquant des maladies comme l’encéphalocèle, la spina bifida et le cranio-rachischisis.

Ces observations sont confirmées par la cohorte « Pélagie » réalisée en Bretagne en 2009. 

Cette étude a relevé une augmentation du risque d’apparition de malformations congénitales, en particulier les hypospadias et les fentes orales, chez les nouveau-nés dont les mères travaillent en médecine vétérinaire, dans des serres ou en milieu horticole ou agricole.

 Une autre analyse, faite sur des nouveau-nés d’agriculteurs autour de Montpellier, relie l’exposition prénatale aux pesticides à des anomalies comme le micropénis et l’hypospadias cryptorchidie.

 

Environ 2 800 naissances par an concernées en France

Les troubles congénitaux frappent jusqu’à 3,5 % des nouveau-nés en France. Sur ce total, 10 % des troubles proviennent en partie de facteurs environnementaux, lesquels incluent une exposition prénatale à des substances tératogènes, y compris les pesticides. 20 % des anomalies sont liées à des paramètres génétiques, tandis que 70 % apparaissent sous l’effet d’une association de facteurs. 

Les 10 % d’enfants porteurs de maladies congénitales à cause de facteurs environnementaux représentent quand même 2 800 naissances par an en France.
Ce triste bilan ne prend pas en compte les morts fœtales consécutives à une exposition résidentielle ou professionnelle durant la période prénatale. 

Dans la majorité des cas, ces troubles sont évitables, à condition de prendre conscience de la gravité de l’exposition et des contacts avec les substances tératogènes. 

Les précautions doivent être prises le plus tôt possible, notamment durant les huit premières semaines de grossesse. 

Une chercheuse affirme en effet que l’exposition aux substances tératogènes est particulièrement dangereuse durant ces premières semaines, qui correspondent à la période d’apparition des organes.

 

Une solution globale et politique

Outre les précautions inhérentes aux parents, surtout à la mère, les pouvoirs publics et les autorités sanitaires ont aussi une part de responsabilité dans la réduction des risques de malformations congénitales. Un renforcement de l’encadrement des produits pesticides et de certains composés chimiques, identifiés comme substances tératogènes, est plus que nécessaire. C’est notamment le cas des néonicotinoïdes et des composés organophosphorés.

Le public a aussi besoin de plus de sensibilisation sur la nocivité de ces produits, le manque d’information étant mis en avant par plus de 79 % des femmes enceintes dans une étude menée en Gironde. 

Bien sûr, la mesure la plus radicale, et la plus efficace, serait d’interdire totalement l’usage de ces produits réputés dangereux. Sur ce point, les pouvoirs publics ont encore un long chemin à parcourir, coincés par une politique agricole tournée vers la production intensive.

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