L’UE comme pionnier des marchés du carbone
En 2005, l’Union européenne franchit un grand pas dans l’application des engagements pris lors de la COP de Kyoto en créant le système communautaire d’échange de quotas d’émission ou SEQE. Ce dispositif de grande ampleur contraint les entreprises à assainir leur bilan carbone. L’objectif commun était alors d’impliquer les acteurs économiques dans l’effort de réduction de 8 % des émissions de GES à l’horizon 2020, par rapport à 1990.
Ce marché du carbone, le premier du genre, incitait les entreprises à se tourner davantage vers le commerce équitable, à limiter la pollution de l’air et à intégrer l’enjeu environnemental dans tout leur processus de production, sachant qu’elles doivent dorénavant payer au prix fort leur quota d’émissions de CO2.
Ce système devient rapidement le plus grand marché d’attribution de quotas de CO2 au monde. La directive 2018/410 renforce le dispositif, qui s’arme d’un levier supplémentaire lui permettant de financer les recherches sur des technologies éco-friendly, à faible émission de carbone et qui contribuent à l’efficacité énergétique.
L’échec relatif du SEQE-UE et des systèmes de marchés du carbone
Le SEQE-UE apparait donc comme une initiative salutaire pour l’environnement et pour le développement durable. Pourtant, Green Finance Observatory n’est pas tout à fait de cet avis, comme 88 autres universitaires des quatre coins du globe.
Et pour cause, la majeure partie des productions de GES est absente des principaux marchés carbone et n’est pas taxée. Le cours du carbone, souvent sous-évalué, pose aussi problème. Autre souci majeur : les 31 systèmes d’échanges de quotas d’émissions carbones qui existent aujourd’hui, dont un en Afrique du Sud, souffrent d’une absence criante de cohérence.
Des marchés du carbone plus harmonieux au niveau mondial
Le manque de coordination et de cohérence des bourses du carbone se traduit par des écarts de prix importants selon les pays et les continents. Les communautés professionnelles, la société civile et les gouvernements gagnent pourtant à combiner leurs forces et uniformiser les marchés du carbone existants. Le simple fait de lier les différents systèmes, en rendant leurs quotas échangeables, permet par exemple de fixer un prix unique, ouvrant ainsi la porte à une économie collaborative articulée autour d’un même crédo : la lutte contre le réchauffement global.
Les technologies actuelles fournissent déjà les capacités nécessaires à la convergence des marchés du carbone. La blockchain, en particulier, apparaît comme l’outil le plus prometteur dans ce domaine. Grâce à l’absence de contrôle centralisé, cette technologie pourrait offrir à tous les acteurs un accès direct et sécurisé aux différents marchés du carbone, par le biais d’un réseau peer-to-peer, par exemple.
En Chine, des travaux basés sur la blockchain sont actuellement menés par l’Energy Blockchain Lab et IBM dans le but, justement, de créer un centre d’échanges de quotas d’émission de gaz carbonique.
L’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique
L’amélioration de l’efficacité des marchés du carbone est à la fois nécessaire et urgente. Selon le dernier rapport du GIEC, une montée des températures de seulement un demi-degré Celcius entraînerait de graves conséquences dans le monde.
Les répercussions seraient encore plus graves en cas de réchauffement de plus de 1°.
Ces chiffres alarmants ont peut-être pesé dans le récent volte-face de la Chine, jusqu’alors assez timide dans ses efforts contre les émissions de GES. L’Empire du Milieu a dévoilé en octobre son intention d’atteindre la neutralité carbone en 2060.
Une autre nouvelle encourageante concerne les États-Unis, l’autre plus gros pollueur du globe. Le président-élu Joe Biden s’est d’ores et déjà engagé à faire revenir son pays dans l’accord de Paris.
Avec les changements de position de ces deux mastodontes, l’espoir de voir un accord visant à instaurer un marché du carbone uniformisé et optimisé à l’international lors de la prochaine COP26 à Glasgow renait.
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